Pour combattre la solitude, il ne faut pas seulement multiplier les initiatives pour sortir de l’isolement, il faut également changer d’état d’esprit et adopter de nouveaux comportements.
Une vie relationnelle satisfaisante est l’un des principaux facteurs de notre épanouissement personnel. De nombreuses études ont montré qu’être entouré, pouvoir échanger et partager avait un impact positif aussi bien sur notre santé psychique que notre santé physique. Dans notre monde hyper-connecté, la solitude aurait dû perdre du terrain à mesure que les moyens de communiquer se diversifiaient et se perfectionnaient. Ce n’est pas malheureusement pas le cas. Cinq millions de Français de plus de 18 ans souffrent de la solitude, soit 12% de la population. Un phénomène qui va s’accentuant (+ 1 million par rapport à 2010) et qui pour la première fois touche les 18-29 ans, jusque-là épargnés. Ils sont désormais 6% à se sentir seuls (Source : Rapport de la Fondation de France sur les solitudes, juin 2013).
L’Américaine Gretchen Rubin, spécialisée dans le bonheur et auteure de plusieurs livres sur le sujet, considère la solitude comme l’un des principaux obstacles au bonheur. Elle qualifie même de « défi majeur » le combat contre ce fléau contemporain. Pour Anne-Laure Martin, psychologue et psychothérapeute, « la solitude n’est pas une fatalité, même si elle dépend en partie de conditions matérielles et environnementales, elle est aussi affaire de positionnement et de comportement. » Pour adopter le bon état d’esprit, il est à la fois nécessaire de prendre conscience de ses manques et besoins que d’amorcer le changement par petites touches au quotidien.
1- Interrogez-vous sur vos besoins
Il est important de hiérarchiser ses besoins et ses manques pour ne pas se tromper de priorité. Votre sentiment de solitude est-il lié à la perte de liens sociaux (chômage, déménagement, maladie) ou bien fait-il suite à une rupture amoureuse ou familiale ? L’important est d’identifier le besoin ou le manque le plus important et le plus pénible pour vous. Cette identification vous permettra de mieux cibler votre priorité et donc d’y voir plus clair dans vos attentes. Elle vous permettra également de ne pas penser votre solitude « en bloc » ce qui génère un sentiment d’impuissance qui étouffe toutes les velléités de mettre en œuvre le changement pourtant souhaité.
2- Prenez soin de vous
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L’isolement et le repli sur soi non volontaires sont des facteurs de dépression et d’altération de l’estime de soi. Plus on se sent exclu, moins on s’attribue de valeur personnelle et moins on se traite bien. Il est donc essentiel de recommencer à prendre soin de soi physiquement et émotionnellement avant de renouer avec les autres. Soignez votre apparence physique, pratiquez des activités physiques, sportives ou artistiques. Faites la liste de ce qui pourrait vous procurer du bien-être au quotidien. Et surtout, privilégiez les petits plaisirs, ceux que vous négligez au prétexte que « de toute façon, ce n’est pas ça qui changera votre vie ». Enfin, prenez le temps de lister vos compétences et talents divers (des plus petits aux plus importants) et relisez régulièrement votre liste pour rebooster votre confiance en vous.
3- Combattez la négativité
Les chercheurs ont constaté que le sentiment de solitude et d’isolement rendait les gens plus négatifs et plus critiques. Deux dispositions qui ne favorisent pas l’ouverture relationnelle. Commencez par identifier les moments où vos croyances pessimistes ou vos jugements trop critiques prennent le pas sur votre bienveillance et votre confiance dans la vie et dans les autres. Puis, pour chacune de ces croyances ou constats négatifs, faites-vous l’avocat du diable en vous efforçant de trouver un ou deux arguments qui viennent les contredire. Essayez ensuite de pratiquer un exercice de gratitude à la fin de chaque journée. Repassez-vous le film du jour et repérez tous les petits moments qui ont été faciles, agréables ou enrichissants. Attardez-vous sur chacun d’eux en les revivant et remerciez. Vous pouvez aussi noter tous les jours sur un carnet trois de ces événements positifs. Au fil du temps, le regard que vous poserez sur le monde et les autres sera plus bienveillant. Votre envie de prendre votre place dans un monde moins hostile vous fera alors aller vers les autres plus facilement.
4- Reliez-vous
L’un des pièges de l’isolement et du sentiment de solitude est de négliger les petits liens du quotidien. Il faut garder à l’esprit qu’une vie relationnelle et sociale est tissée de mille et un petits fils différents. Portez-vous volontaire pour nourrir tous les jours les échanges que votre journée vous offre : avec vos collègues, les commerçants que vous fréquentez, vos voisins. Déjeunez avec vos collègues plus souvent si vous ne le faites pas. Rejoignez un groupe d’activité (marche, lecture, méditation), une association de quartier (parents d’élèves, culture…). Vous pouvez également essayer de retrouver par Internet des anciens copains ou amis de lycée ou de l’université, voire des membres de votre famille.
5- Prenez soin des autres
Se sentir utile renforce la bonne estime de soi et change la dynamique relationnelle. C’est également la meilleure manière de sortir de l’isolement affectif et de renouer avec le sentiment d’appartenance à la communauté des hommes. Au lieu de vous demander : « pourquoi je ne reçois rien de personne ? », pourquoi ne pas inverser la question et vous demander comment vous pourriez aider et soutenir les autres. Quelques pistes possibles : vous proposer pour garder les enfants de vos voisins, proposer vos services à des personnes âgées dans votre quartier, faire du bénévolat le week-end, vous investir dans un refuge animalier si vous aimez les animaux, etc.
6- Dormez bien
Pour aller plus loin
Testez-vous !
Comment vivez-vous la solitude ? Découvrez si la solitude est une amie ou une ennemie pour vous, en répondant le plus spontanément possible aux 10 questions suivantes.
Le conseil peut paraître curieux et sans lien direct avec la solitude, mais ce n’est pas le cas. Les chercheurs ont constaté que le manque de sommeil ou un sommeil de mauvaise qualité avait un effet « désocialisant ». Non seulement les mauvaises nuits impactent négativement l’humeur et les émotions – ce qui dissuade les autres de nouer des contacts avec soi – mais la fatigue et l’irascibilité – qu’elles génèrent poussent au repli sur soi. Veillez donc à optimiser les conditions de votre sommeil. Pratiquez des exercices de respiration et de relaxation avant le coucher, mangez légèrement, éteignez les écrans (télévision et ordinateur) une heure avant de vous endormir.